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Historique

Par une brumeuse journée d’hiver, quelques pêcheurs qui s’étaient aventurés malgré le
mauvais temps sur l’étang de Thau, furent surpris par une bourrasque de neige.
Le rivage disparaît derrière ce rideau floconneux, le ciel s’obscurcit de cette couleur
blanchâtre et les pêcheurs dispersés et perdus, dérivent de tous côté sans pouvoir arriver
au port. Cependant, leurs femmes anxieuses courent au pied de l’autel et, prosternées devant la Sainte Image, elles demandent à Notre Dame des Sept Douleurs le prompt retour de leurs maris, pendant que l’une d’elles fait sonner la cloche de la chapelle; et tout à coup, dans la majesté du clapotement des vagues, retentit un son argentin bien connu des mariniers qui, guidés par cet appel libérateur, viennent atterrir ensemble au port que domine la chapelle...»


En 1891, le Père Guiraud dépeint la chapelle des Pénitents, coeur de la vie de la communauté mézoise.


Les vieilles pierres rongées par le sel et huilées par le soleil s’efforcent de retrouver, plus d’un siècle après, les couleurs d’un lieu de vie et de culture.

C’est sur le site de la chapelle des Pénitents que l’ on a retrouvé les premières traces d’ occupations de Mèze, probablement des populations phéniciennes, dès le VIIIe siècle av. J.-C. Le nom de Mèze viendrait d’ailleurs du phénicien «Mansa» qui désigne un endroit élevé d’ où s’ élève une fumée. Tout près de la chapelle un feu était entretenu pour éclairer le site et guider les navigateurs. Car la chapelle a toujours été une sentinelle et un phare. Bâtie en 1147, dédiée à saint Pierre, il subsiste du premier édifice les deux dernières travées des murs de la nef, ainsi que l’ abside, dite en «cul-de-four».


C’est le 20 août 1602 que la chapelle est donnée par l’évêque d’Agde à la confrérie des Pénitents blancs de Mèze pour s’y réunir et prier. Des travaux importants de reconstruction et d’agrandissement sont alors entrepris.


Les textes les plus anciens se rapportant à la confrérie ont toujours donné à cette chapelle le
vocable de Notre Dame ou Notre Dame des Battues. Entendons battue par les flots. Les Pénitents leur donneront le nom de Notre Dame des 7 Douleurs ou de Bon Secours à partir du moment où ils se rattacheront à l’archiconfrérie romaine du Gonfalon en 1609.
Durant la Révolution, la chapelle est désaffectée. Elle est utilisée comme hôpital militaire, lieu de réunion pour les assemblées populaires puis transformée en atelier de tonnellerie.

 

En février 1802 elle est rachetée par Guillaume Gars et rendue à la confrérie des Pénitents.

Pénitents, qui étiez-vous ?


A la suite de l’implantation de la Réforme protestante en Languedoc, vers 1560, et au cours des Guerres de Religions qui ont si durement marquées le pays, les catholiques se sont ressaisis et, dans leur action revivifiante, ils ont mis en place des confréries de pénitence allant dans le sens de la réparation et de la lutte contre le péché, idées chères à la Contre-Réforme. Coiffés de cagoules et revêtus de robes blanches, ces confréries de laïques dévots se caractérisaient par leurs processions spectaculaires, d’une piété mystique proche d’un catholicisme à l’italienne ou à l ’espagnole. Ce qui n’excluait pas des actions de charité, ainsi qu’une aide matérielle et morale efficace envers les plus démunis.
 

Les premiers frères mézois se lancent dans cette aventure spirituelle sur un coup d’audace, en faisant confiance à la Providence et en misant sur l’avenir de leur mouvement.
 

Le 1er avril 1588, Guillaume de Cesses est le premier à être reçu dans la confrérie par le prieur de Marseillan, et bientôt deux autres confrères le rejoignent. Ils seront 13 en 1598.
Le succès de l’entreprise est tel que se pose très vite le problème de trouver un lieu de culte fixe susceptible d’accueillir un nombre toujours croissant de frères.

Ces premiers pénitents se réunissent chez eux mais, en 1590, ils demandent à l’ évêque d’Agde l’autorisation d’utiliser la chapelle de l’ancien château dédiée à saint Pierre, qui se trouvait alors à l ’abandon, servant de tripot et de refuge pour les pourceaux.
L’ évêque accède à leur demande en 1602 et accorde aux confrères la concession de la chapelle qu’ils ont l’obligation de remettre en état.
La confrérie des Pénitents blancs de Mèze était alors autonome. A la demande des confrères, elle fut rattachée à l’archiconfrérie des Gonfalonniers de Rome, s’inscrivant ainsi dans un vaste courant, dont le réseau constituait une association d ’envergure internationale, en Europe et hors d’Europe.

 

A partir des années 1870, les confréries de Pénitents du Sud de la France entament un inéxorable déclin. A Mèze, en 1912, , il ne reste qu’un seul frère. La laïcisation, l’absence de soutien de la part du clergé, le manque d’appétit spirituel de la population expliquent en grande partie la disparition progressive des pénitents. Mais durant leur trois siècles d’ existence, les Pénitents blancs auront fortement marqué la vie sociale et religieuse de la communauté mézoise.

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Chapelle des Pénitents Mèze
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